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Traversée de l’authentique Chiapas

Pays
MEXIQUE
Adresse
6 rue du test
Tags
Amérique centrale MEXIQUE Voyage
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L’arrivée au Chiapas se fait par une plongée dans les nuages et les brumes
puis se découvre un sol verdoyant peu peuplé par endroits,
tapi d’une végétation nuancée.
Des collines, des plateaux, des montagnes et au loin la jungle….
Je pars traverser cet état authentique du sud du Mexique.
Récit de voyage version carnet de route…
Bienvenidos a Chiapas !

Plongée immédiate dans l’authentique, le typique, l’épique Mexique. La sortie d’un tout petit aéroport et puis le temps s’accélère, tout s’accélère, tout le monde se presse. Impossible de reculer. Tu voulais y aller, tu y es ! Un taxi pour la 1ère étape : Route vers l’historique cité espagnol de San Cristobal de Las Casas. Ici on roule, oh oui on roule…. Croisée de camions, de pick up locaux, de vieilles carcasses authentiques, roulant à 3 voir 4 sur une double voie, longeant des vaches, des chevaux, des hommes, des femmes à pied, à vélo, à moto (les routes du Chili ont été préparatoires). Les traits des visages se rapprochent des racines amérindiennes. Et puis me voilà dans le vif du sujet de mes nombreuses lectures à propos de cet état longtemps agité de multiples rébellions pour son autonomie et la reconnaissance de son peuple indigène : 1er barrage, 1er fourgon. La police et l’armée sont présentes puis plus du tout, puis de nouveau.

Passage au dessus du Canyon del Sumidero. Ça tourne, ça monte, ça s’arrête (parfois longtemps), ça repart. La nuit tombe. Le calme est revenu.
Voilà la promesse d’une évolution entre plusieurs sentiments.
L’agitation reprend… Des pétards grondent pour la fête de Notre Dame de Guadalupe. Arrivée dans le « pueblo magico » de San Cristobal 2100 mètres d’altitude où je me pose quelques jours à la Posada del Abuelito afin de pouvoir arpenter cette ville colorée, profondément culturelle et de découvrir quelques villages mystiques où les chaman sont dieux ….

La fanfare des fameux pétards de la fête de Notre Dame de Guadalupe a « bercé » ma première nuit, suivi du chant des coqs qui démarre à 3h. Départ tôt ce matin. Le ciel est d’un bleu limpide. D’abord le marché qui réunit tous les indiens de la région venus vendre ou acheter légumes, fruits, volaille, haricots, laine, … 0 touriste. Je ne prends volontairement pas de photos sachant qu’elles les offusquent. Alors je garde en mémoire tous ces visages fabuleux.
Descente puis remontée à l’église de San Cristobalito par les nombreuses marches de l’Antador La Penitancia. Re redescente direction opposée vers l’église Notre Dame de Guadalupe. 0 touriste ou quelques baroudeurs sûrement établis ici pour quelques mois ou à vie. Les rues sont désertes et …. sur le chemin, quelle chance, immersion totale au départ d’une procession. À ma question de pouvoir photographier, de grands et magnifiques sourires me sont retournés au retour quesadillas de mais aux champignons, avocat, ail et fromage vegan. San Cristobal est un paradis pour les végétariens

Le jour suivant, je remonte à l’église de Notre Dame de Guadalupe. La décoration de l’église est terminée. La musique et les tirs de pétards ne faiblissent pas, nuit et jour. Les pèlerins se relaient et dorment à même le sol sur un tapis d’aiguilles de pins qui sont bénis et sacrés pour l’occasion. Je profite de la ville au petit matin. Départ de la petite Posada del Abuelito, pour poser mon sac à l’auberge Kotantik (très belle architecture mais moins chaleureuse) et prise de la voiture de loc avec les conseils patriarcales et bienveillants du gérant pour les routes de mon voyage solitaire.

Je prends la route direction Chiapa de Corzo et le Canyon Del Sumidero.

Les routes du Chiapas sont une vraie aventure ! Je croise encore d’autres pèlerins qui se rendent à San Cristobal depuis toute la région voir plus loin, en courant, parfois pieds nus, une flamme à la main, suivis de voitures ou camionnettes remplies de leurs familles. Je prends encore plus la mesure de cette fête de la Guadalupe. Quelle chance j’ai eue de pouvoir être à cet endroit et à cet instant.
Je prends mes marques et j’empreinte une route sinueuse pour atteindre les différents miradors qui surplombent ce grandiose et sauvage canyon. La nature environnante est superbe. Retour à San Cristobal, quelques courses (eau, légumes, fruits, fromages, le bon pain de La Casa Del Pan) pour attaquer la route demain vers les cascades d’El Chiflon, les lacs de Montebello et le parc de Las Nubes.

San Cristobal est plongée dans la brume quand je la quitte. Le soleil apparaît sur ma route toujours accompagnée des pèlerins. Un premier arrêt aux cascades d’El Chiflon. Puis route vers la frontière du Guatemala que je vais longer encore quelques jours. Après le parc des lacs de Montebello, j’entre vraiment dans la profondeur du Chiapas et de son peuple. Je ne me sens pas en insécurité mais je ressens que j’ai atteint une autre dimension dans cette région. Ici les panneaux relatant le désir d’autonomie et de reconnaissance du peuple et de ses richesses naturelles sont dans tous les villages. J’aperçois les cordes et les chaînes qui servent pour les barrages. Je ne m’arrête pas, je roule. J’ai à ma droite les montagnes du Guatemala et à ma gauche la forêt tropicale. La route est magnifique mais tout est différent. Les visages sont plus fermés, les axes routiers en moins bon état, les habitations plus pauvres.
J’ai décidé d’aller au parc de Las Nubes. La route est longue. Je tourne à l’embranchement indiqué sur ma carte. Arrivée dans le village de Jerusalen, plus rien. Je continue et je prends une mauvaise direction. Bonjour la caillasse… Marche arrière. Je reviens sur mes pas. Je demande la route avec mes 3-4 mots d’espagnol. Enfin je trouve un panneau. Encore 15km de chemin. Ça n’attire pas les touristes et c’est donc parfait pour moi ! Et tout ça en valait la peine. J’arrive au moment du coucher du soleil sur ce Rio et ses cascades.

Belle nuit de sommeil dans ma cabane de Causas Verdes à Las Nubes. Levée aux aurores, j’attends que la brume de la forêt tropicale se dissipe avant de suivre à pied le Rio Santo Domingo et ses cascades. L’eau du Chiapas est turquoise en tout point. Je quitte Causas Verdes et sa communauté direction celle de Reforma Agriara et la réserve de Montés Azulés.

J’évolue dans la jungle Lacandone. La route aujourd’hui est plus sereine, toujours aussi magnifique. Une idée m’effleure. Je roule à quelques centaines de mètres de la frontière du Guatemala… Une idée ? Au niveau de Flor Del Café, je bifurque à droite. Sur la carte il y a une route. On verra… Je traverse un petit village. J’y suis ! Une route ? Un chemin de grosse caillasse et la frontière ! Ici elle est tenue du côté mexicain par une jeune fille et par un couple du coté Guatémaltèque. Rien d’officiel donc, chacun baisse les chaînes qui barrent le chemin et me voilà de l’autre côté. J’explique aux deux parties que je reviens dans 10 minutes (mon espagnol progresse). Echange de grands sourires et de rires avec les femmes du village côté Guatemala. Je repasse la frontière et je reprends la route.

Proche frontière oblige, l’armée est là. Je passe au 1er check point, je suis arrêtée au 2ème : d’où je viens, où je vais, quelle nationalité. Circulez avec sympathie ! C’est presque la fin, croisée de vaches, chevaux et fermiers qui vont directement se mélanger aux singes communs et hurleurs, crocodiles et gros chats. Arrivée dans la réserve de Montés Azules. Il pleut ce soir et les moustiques sont féroces. Je pense ce soir aux 55 migrants morts aujourd’hui à Tuxtla Gutiérrez cherchant à fuir et trouver un avenir meilleur !

Départ ce matin pour la journée dans la réserve de Montés Azulés. Un petit bateau (lancha) nous dépose les deux guides et moi sur la berge opposée au village. Marche à travers la jungle Lacandone et sous les singes hurleurs, difficiles à voir mais bien présents acoustiquement. Je suis dévorée par les moustiques malgré pantalon, tee shirt long et citronnelle. Notre randonnée se termine plus bas sur une autre berge où les guides doivent contacter la lancha pour nous récupérer. Petit problème : les talkies semblent être en panne et personne ne répond. Les guides ne semblent pas stressés, bien au contraire ils font même une courte sieste. On patiente alors. L’angoisse ne me gagne pas non plus. Quelqu’un viendra bien nous chercher! J’essaie d’étudier avec humour quelques options : faire marche arrière, dormir sur la berge, se faire déguster par un croco ou un jaguar, revenir à la nage.. Deux heures plus tard, la lancha passe sur le rio (n’ayant pas de nos nouvelles). On la hèle et elle nous ramène à bon port. Ouf !

Au retour, je fais la rencontre d’un sympathique couple d’anglais voyageant 6 semaines au Mexique et qui me montre leurs magnifiques photos d’oiseaux et d’iguanes. Justement en voilà un qui jaillit d’un arbre sur notre gauche pour profiter d’un dernier rayon de soleil. Voyageant sac à dos léger je n’ai pas pris mon appareil photo. L’iphone suffira.
On cause et on partage nos itinéraires. On se donne rendez-vous dans 2 jours pour partager une lancha qui nous emmènera aux ruines de Yaxchilan. Demain route j’espère vers les indiens Lacandons dénommés Hach Winik qui se dressent contre les projets de déforestations et d’élevages extensifs . Et visite de leurs ruines mayas de Bonampak. Ce soir pas d’électricité.

Je repars le lendemain de Reforma Agriara. Il a plu toute la nuit et la 1ère partie de la route est assez mauvaise. Je m’amuse en traversant un troupeau de vaches mais je me rends vite compte de la déforestation qui a été entamée dans cette partie du Chiapas pour l’élevage de bovins. Les fermes se succèdent une par une. Je rejoins la route 307, retour dans la jungle Lacandone, pour atteindre l’entrée de la réserve des ruines de Bonampak. Je savais que l’accès finale par la route aux ruines (10km) est réservée à la communauté Lacandone. Aucun véhicule particulier. Il faut prendre un taxi local. Malheureusement l’entrée est gérée ce jour là par quelques jeunes peu scrupuleux qui demandent du cash pour m’emmener jusqu’aux ruines. Je négocie mais vu le montant (pas certaine qu’ils me ramènent) et l’état du taxi je refuse face un petit bandido un poil agressif. Je lui fais face, et je repars.
Je m’arrête à mon stop du jour à Frontera Corozal où je dois rejoindre Nancy et John, mon sympathique couple d’anglais rencontré auparavant. Je vais partager avec eux la lancha pour nous emmener aux ruines de Yaxchilan. Ici seul le Rio Ucumacinta me sépare du Guatemala.

Les moustiques m’ont été fatales et je me couche directement. Il pleut encore toute la nuit.

Le matin, départ au lever du jour direction Yaxchilan, un site maya en pleine jungle accessible uniquement par le fleuve. A droite le Guatemala, à gauche le Chiapas. Après 45 minutes remplies de discussions sur nos divers voyages, nous sommes déposés tous les trois sur une berge. Le site est à nous ! Plusieurs heures de ballade et de lecture sur cette cité maya.
De retour à Frontera Corrozal sous une pluie tropicale, j’enfile des vêtements secs et je roule de longues heures vers Palenque où je vais me poser 3 jours, récupérer de quelques jours de jungle, dans la zone des ruines patrimoine UNESCO et l’adorable petite auberge de Marisol, El Colombre.
Marisol est en cuisine quand j’arrive, préparant un festin pour un groupe d’enseignants de Palenque.
Le lendemain, je me rends à l’ouverture, à l’entrée du parc national des ruines de Palenque, classé patrimoine mondial de l’UNESCO. Mes amis anglais, Nancy et John, me rejoignent pour la visite. Nous profitons ensemble de ce site grandiose, l’une des cinq plus importantes cités maya du Mexique. La fréquentation n’a rien à voir avec Yaxchilan où nous étions seuls au monde. Ici, le site attire les foules « en temps normal ». Ce matin c’est encore relativement calme. Palenque porte bien son nom signifiant entourée d’arbres. La forêt tropicale nous entoure ici partout et recèle 98% des ruines encore inexplorées. 2% sont donc devant nous. On peut alors imaginer l’ampleur et l’importance stratégique des lieux à l’époque. Après l’observation d’un couple de perroquets, nous nous séparons, promettant de se donner des nouvelles et de peut être se croiser à Oaxaca dans quelques jours. L’après midi est paisible : lecture à l’écoute de la douce musique mexicaine de mes charmants hôtes Marisol et Alberto.

Le jour suivant, j’ai rendez-vous avec Jeronimo, un guide pour une nouvelle randonnée dans la jungle de Palenque. On marche beaucoup, on grimpe, on escalade, on redescend, on recommence ! Et me voilà face à un vestige d’un véritable aqueduc maya, tunnel d’environ 15 mètres de long et d’1m70 de haut qu’il me faut traverser. Ne penser à rien, juste avancer sans lever la tête au risque de réveiller quelques chauves-souris. En hauteur, les singes araignée font une sieste. Mais les cousins hurleurs les réveillent. En plus d’être aventureuse, cette marche est enrichissante. Jeronimo me narre les différents arbres et plantes médicinales que nous rencontrons dans la selva.

Marisol me propose de l’accompagner aux cascades de Roberto Barrios. 45 minutes de route où on échange sur ses voyages, les miens et nos chemins de vie. Roberto Barrios est un site méconnu des touristes (parfait !!). Comme à Las Nubes, je suis en admiration totale devant la beauté naturelle des lieux et des nuances de l’eau variant entre turquoise et vert émeraude. On marche à travers les différentes cascades. Le sol est glissant mais on s’amuse et on rit. On crapahute, version singe parfois pour moi. Baignade méritée face à une des cascades. Ce soir, Marisol a préparé un rebollo relleno végétarien. Une bonne nuit reposante et méditative s’annonce.

Dernier jour à Palenque… Ce matin, je suis une « cowboy » mexicaine. Le jeune José Jamón m’accompagne à cheval faire le tour des herbages et troupeaux sur un ranch voisin d’Alberto et Marisol. Chemin faisant… je les ai cherchés en vain dans la selva lacandone. Et là ils volent au dessus de moi et se posent tous les deux sur une branche… le graal… un couple de guacamayas, ces majestueux aras rouge « Ara Macao » en voie de disparition accompagnés d’un couple de perroquets verts.

À mon retour, je m’empresse de raconter mon expérience. Marisol, toujours pleine d’idées et de volontés de partager, propose de m’emmener dans un refuge pour singes orphelins. Une famille les recueille pour les nourrir, les soigner et leurs permette de vivre une jolie vie. La plupart perdent leurs mamans lors d’accidents sur la route ou d’attaques de serpents. Ils ne peuvent survivre seuls. Et ils ont besoin d’attention et de contact comme tout bébé ou petit enfant. Sans contact, ils refusent de se nourrir et se laissent mourir. Le contact est immédiatement fait avec un bébé avec qui je passe un long moment. Il s’accroche à moi, ma jambe puis ma tête, il ne veut pas me quitter. Puis un autre un peu plus indépendant. Mais le plus petit est totalement accroché a moi. Quel joli moment avec eux !

Retour à la casa. Lecture et je pars dans le centre ville de Palenque faire quelques courses pour ma grande route de demain, visiter son centre et la magnifique église Santo Domingo de Guzmàn, colorée et pleine de spiritualité comme toute église de mon voyage ici que vous soyez croyant ou non. Il fait très chaud, beaucoup de monde et de bruits. Une pure ville d’Amérique centrale. Je veux vite rentrer au calme.

Ce soir, je veux remercier mes hôtes Marisol et Alberto pour leur hospitalité, leur gentillesse et leur générosité pendant ces 4 jours chez eux. C’est parfait, sur la route des ruines et de mon petit paradis, il y a une improbable trattoria italienne. Je leurs fais la surprise en rentrant avec plein de mets italiens. On passe une superbe soirée pleines de grandes discussions. Il est temps d’aller dormir. Demain je prends la splendide, fameuse, redoutable, historique route zapatiste 199 depuis Palenque pour rejoindre San Cristobal de Las Casas. La météo semble parfaite. Je fais un point local demain matin pour savoir si la route est ouverte ou fermée. Je prépare la monnaie pour les blocages. Petit déjeuner tôt, je fais mon sac et c’est parti pour 7h de route (200 km).

Feu vert ce matin pour mon départ sur la fameuse Route 199 qui relie Palenque à San Cristobal de Las Casas.
J’avale un bon petit déjeuner et il est temps de partir. Marisol et Alberto me prennent dans leurs bras et me souhaitent un beau voyage. Merci encore à eux pour leur gentillesse, leur hospitalité et tout ces moments de partage. Je m’engage sur la route, non sans une petite boule au ventre ; j’ai tellement lu sur cette route. J’y vais, j’y vais pas…. Allez j’y vais ! C’est la seule façon de clore ma boucle.

La première partie de la route traverse la forêt tropicale. Les virages sont nombreux. Tout est à la hauteur de mes espérances : nature, immersion et solitude. La route est assez fréquentée et je suis encore la seule peau blanche blonde à tel point que Marisol m’avait suggéré de mettre mon bonnet Je traverse plusieurs petits villages très animés : un match de foot local par ici, une fête de Noël pour des écoliers par là, une multitude de passants et de topes (ces mini dos d’âne particulièrement sournois, cruels pour les pneus, les amortisseurs et le dos, et souvent non-indiqués). Et le voilà… mon 1er barrage ! Une femme et ses enfants tendent une corde sur mon passage. Les enfants s’approchent de la voiture avec des bananes et des tortillas. J’étais prévenue « tu descends juste un peu la fenêtre, tu glisses quelques pesos et tu dis merci ». La corde est relâchée. Je poursuis mon chemin. S’en suivra 3 autres barrages, toujours des femmes et des enfants.

J’arrive à Ocasingo, à 900 mètres d’altitude, une ville de 50 000 habitants, dense et bruyante. La végétation change. Les conifères apparaissent. Je suis à mi-chemin.

La 2ème partie de la route est totalement différente. Les visages ont changé. Beaucoup moins de gens sur la route. Je ressens de nouveau les mêmes sentiments que lors de ma récente arrivée dans cette partie du Chiapas. Un mélange de contemplation et d’état méditatif pleine conscience. Je suis plus sereine, à tel point que j’en oublie certains topes. Je suis rentrée dans l’authentique partie zapatiste. Ici, si un barrage est créé, ce n’est pas pour vendre des fruits, c’est pour la lutte ! Et quand c’est le cas, les habitants ferment la route. Il est alors impossible de continuer ou de faire demi-tour. La seule façon pour eux de se faire entendre ou de refuser des lois votées par le gouvernement en place. Heureusement, ce n’est pas le cas aujourd’hui. Et ces blocages sont bien moins violents maintenant. Après 6 longues heures de route, 200 km, 12 degrés en moins et plus aucun moustique, j’atteins San Cristobal. J’ai retenu ma petite chambre à la même authentique auberge Posada del Abuelito. La fête de la Guadalupe est terminée, mais la ville grouille. Je suis en adoration devant la diversité ethnique et culturelle qui règne ici. Je boucle ici mon petit tour de ce merveilleux état du Chiapas (il y a encore tellement de choses à découvrir). Dans deux jours, je monterai dans un bus de nuit qui m’emmènera plus au nord dans la ville de Oaxaca. D’ici là, je vais tenter de me plonger dans les villages des communautés tzotziles.

Le lendemain matin, je prends un peu de temps. Je partage mon petit déjeuner avec un couple canado-mexicain et 2 françaises parties vivre au Canada. Puis je prends la direction les villages Tzotzil. Route vers Chamula. Bien sûr, je ne prends pas la route principale. A l’entrée, barrage, impossible d’aller tout droit, je veux faire marche arrière mais un homme m’indique que je peux prendre le chemin caillouteux sur la gauche. Immersion de nouveau.

Je me gare près de la place du marché, proche de cette mystérieuse église de Chamula qui m’intéresse. Je suis seule face à la façade colorée de ce monument. Je me permets 2 photos de l’édifice. Je sais que les touristes étrangers ne sont pas bienvenus ici. Je demande la possibilité de pénetrer dans l’église. Oui avec gentillesse et un don de 30 pesos. Interdiction stricte et formelle de prendre des photos de l’intérieur au risque de destruction, agression ou prison. Ici la communauté a ses propres règles, elle se gère de façon complètement autonome. Mais je ne suis pas là pour des photos mais pour m’imprégner de la culture de ce village. Et je tente de vous faire partager mon expérience. Je pénètre alors à l’intérieur de l’église. La lumière est faible, pas de fenêtres ou de vitraux, le sol est recouvert d’épines de pin. Il y a des milliers de bougies partout devant des façades de verre et de bois encadrant des statuts de saints, ornés de fleurs et de guirlandes de grosses perles colorées. L’encens est omniprésent. Je suis immédiatement prise d’un immense flot d’émotions. Car j’ai l’incroyable chance d’assister à un culte à ce moment et cet instant présent. Il n’y a pas de bancs ici. Les femmes et les enfants sont assis par terre. Les hommes debout. Certains jouent une lente musique (guitares, accordéons, tambours) autour sûrement d’un guérisseur. Ils boivent tous ici un verre de « posh », « pox », une eau de vie locale, qui accompagne le rituel. Je traverse humblement la foule pour atteindre le fond de l’église. Je m’assieds un long moment, je me recueille et j’observe. Une femme et ses deux enfants allument des bougies au sol. Puis tout le monde se lève et sort en procession. Calmement avec cette lente musique de nouveau. Je les laisse partir et je reprends mon chemin vers une belle et solitaire route montagneuse, d’autres villages et églises. Je redescends sur Zinacatan, beaucoup moins envoûtante, et retour à San Cristobal. Demain dernière journée ici. La boucle est bouclée pour mon voyage au Chiapas. Presque un carnet d’écritures, une multitude de souvenirs et des centaines de photos. Déception encore et encore de voir Coca Cola inonder cette région comme d’autres pays parcourus.
Je laisse mes dernières vivres ici.
Le lendemain, tard le soir, est programmé le bus pour Oaxaca. Cher Chiapas, je reviendrai… A suivre..



les bonnes adresses

Centro ecoturistico Causas Verdes – Las Nubes* 💚
Centro ecoturistico El Chiflon 💚
Centro ecoturistico Las Guacamayas* 💚
Centro ecoturistico Nueva Alianza 💚
Ruines de Yaxchilan 💚
Ruines de Palenque 💚
Cascadas Roberto Barrios 💚
Trattoria Monte Verde – Palenque 💚



* fermé en décembre 2023 pour raisons de sécurité en raison de la situation avec les narcotrafiquants

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