Deuxième volet de mon voyage sous le Tropique du Capricorne.
Je m’affaire de quelques maigres effets personnels pour mon expédition de 2 jours.
Mais j’en oublie le principal objet… mon carnet d’écriture.
Je me suis alors contentée des pages verso de mes vaccinations Covid.
Ce virus qui nous a enfermé devient pour un jour le socle des écrits de mon évasion
Nous partîmes tôt mon guide et moi ce matin du 8 décembre. Nous laissons derrière nous San Pedro et la terre chilienne d’Atacama à la quête de celle bolivienne de la réserve nationale Eduardo Avaroa, au pied des volcans Juriques et Licancabur.
L’asphalte devient une route caillouteuse qui devint une piste sableuse s’ouvrant sur un immense cirque à 4500 m d’altitude, encadré par les sommets de la Cordillère.
Deux frontières et quelques kilomètres plus loin, le paysage change tout comme les traits des visages. Les silhouettes locales se sont abaissées.
Ils sont nombreux ici les voyageurs au long cours ; véhicules 4×4 mais aussi motos ou vélos qui devront déjouer les pièges de l’ensablement sur la route d’Uyuni, point de ralliement pour la Paz et le Pérou. Je les regarde s’éloigner l’un après l’autre car mon arrêt se fait au premier refuge de ce chemin des incas, posté face aux lagunes Blanca et Verde, colonisées par de robustes flamants roses.
Robuste et rustique est également ma halte du jour, murs de roches volcaniques et matelas sur sommiers de pierres. Pas d’eau courante et peu d’électricité. Je m’amuse à imaginer la fuite des touristes sophistiqués au contraire du marcheur qui s’émerveillera d’un repos sous un simple toit. Les premiers ne s’aventurent pas dans ces contrées lointaines et hostiles.
Randonneurs que nous sommes avec mon guide, nous décidons d’ailleurs de marcher quelques heures pour poursuivre mon acclimatation. Débutant sous le soleil chauffant, nous rentrons avec les bourrasques menaçantes dans le dos, évitant l’averse de très peu. Qui s’est déjà aventuré avec moi en extérieur connaît la probabilité de l’eau
À notre retour, une intemporelle femme bolivienne, nous ravit d’une soupe de légumes et de riz.
Passé un temps de repos, je m’installe à une table devant l’incommensurable espace qui me fait face. J’intrigue la mamita bolivienne. Elle s’approche lentement pour s’assoir à ma table. Elle scrute mes lignes d’écriture et pose son regard inquisiteur sur le livre qui dépasse de mon sac. Elle me questionne alors sur ses deux observations. Je lui explique avec mon pauvre vocabulaire espagnol qu’il est un grand auteur aventurier et que j’essaie humblement de mon côté de conter mon aventure andine.
Elle tourne la tête et contemple l’horizon. À quoi pense-t-elle ? Où s’aventure-t-elle ? Elle qui n’a jamais quitté ces terres.
Quel âge a-t-elle ? Elle ne le sait pas. Elle est intemporelle…
Je profite encore du soleil qui a réapparu en attendant mon dîner. La nuit sera courte car il faudra quitter la chaleur de mes couvertures au milieu de la nuit pour affronter l’ascension du volcan du peuple.
Cette nuit au départ du sentier, le rituel est de nouveau de remercier la montagne et de solliciter sa protection. Licancabur semble avoir accepté mes prières. Je débute l’ascension à 2h30 ce matin avec mes deux guides, le mien et celui obligatoire de la réserve bolivienne. La nuit est claire avec une lune presque pleine. Les conditions sont optimales : le ciel est dégagé, la température est froide mais le vent glaçant des Andes s’est absenté quelques heures.
Qu’il est bon d’arpenter la rudesse de nuit, la difficulté y est invisible à nos yeux et donc absente de nos esprits. Ma respiration lente s’accorde avec mes pas. Vers 6h, le jour grandiose se lève sur les Andes. Il faut attendre le soleil pour se réchauffer.
L’ascension se poursuit. Effet d’optique, je pense apercevoir le sommet mais il n’en est rien.
Par manque de perspective ou manque d’oxygène, l’énergie de mon corps faiblit à 5600 mètres que j’ai pourtant atteint au volcan Lascar. Ma volonté est intacte. Il reste 2h30 de marche, environ 400 mètres de roches à presque escalader avant le sommet que j’atteins non sans une grande émotion après presque 7 heures et presque 6000 mètres d’altitude face aux larmes d’amour pour la montagne Kimal que Licancabur retient dans un lac intime à son cratère.
À la fin de ma descente, je me retourne vers Licancabur et le remercie une énième fois.
Retour dans la chaleur désertique de mon camp de base de San Pedro avant mon nouveau départ vers la Bolivie dans 2 jours.
Qui m’équipe pour mes aventures ? Espace Montagne – Rouen
Qui me fournit une trousse complète de secours ? La Pharmacie des Pommiers – Cambremer